20 ans de la loi pour l’égalité des droits et des chances, les personnes accompagnées par l’ARCH ont témoigné et nous ont interpellé le mardi 11 février 2025
Quelles sont les améliorations dans le quotidien des personnes en situation de handicap ? Où en est-on de l’accessibilité des commerces et des lieux de loisirs ? Nathalie, Vincent, Marie-Claude et Pierre-Julien travaillent au centre-ville d’Aurillac. Ils nous racontent leurs déboires, mais aussi ce qui s’est amélioré en 20 ans.
Nathalie, accueillie 2 jours par semaine à l’accueil de jour de l’ARCH, nous explique : « j’habite en ville dans un appartement qui m’a été proposé comme accessible il y a 3 ans. Il est grand, avec une salle d’eau bien adaptée, après quelques travaux ; je peux aussi me déplacer à l’intérieur facilement. Je ne peux pas en sortir seule car il y a un ressaut de 2 cm sur le seuil de la porte d’entrée, et cet obstacle est infranchissable pour moi. Je ne peux pas non plus aller sur mon balcon pour la même raison. » Pour se déplacer, Nathalie utilise les bus de la ville, et sauf en cas de panne de la rampe, ce qui est assez rare, ils lui sont accessibles.
Vincent lui vient chaque jour travailler à l’ARCH à Aurillac, il se déplace en fauteuil roulant manuel. Il utilise les cars de la Région et son trajet s’est transformé en parcours du combattant depuis le 04 novembre dernier : la plateforme qui lui permettait de monter dans le car est tombée en panne … Seule solution : il descend de son fauteuil avec l’aide du chauffeur, puis celui-ci monte le fauteuil dans le bus (puis le descend …), une aide bienvenue mais qui ne sera plus possible quand Vincent aura un fauteuil électrique. La panne a été signalée à plusieurs reprises : Vincent espère que la plateforme sera enfin réparée en février : « Les 20 ans de la loi, ça peut aussi servir à ça ! »
A propos de déplacements, Pierre-Julien qui travaille à l’atelier paillage de l’ARCH depuis 27 ans, fait partie de la commission accessibilité « voiries » de la Ville d’Aurillac. Cette commission réunit une fois par mois, une dizaine de personnes issues de plusieurs associations et représentant tous les types de handicaps. Son rôle est très important pour identifier dans les détails les obstacles sur la voirie : nids de poule, trottoirs en dévers, manque de « bateaux » pour traverser, voies partagées dangereuses, traversées des ronds-points non sécurisés, ou encore véhicules garés sur les trottoirs. Pierre-Julien déplore que cette commission ait été arrêtée en septembre dernier suite au départ de la personne qui l’organisait. Le non remplacement de la référente handicap d’Aurillac marque un véritable coup d’arrêt dans les progrès faits jusqu’alors pour améliorer l’accessibilité en ville.
Collègue de Pierre-Julien, Marie-Claude renchérit. Elle travaille à l’ARCH, à l’atelier cannage et vit à Aurillac depuis 37 ans : « c’était beaucoup plus dur avant la loi de 2005 ! On a fait des progrès ! J’ai accès à beaucoup plus de choses que quand j’étais jeune. » Marie-Claude est engagée elle aussi dans la commission accessibilité de la Ville d’Aurillac, sur le volet « accessibilité des commerces ». Chaque mois, elle participait à la visite de 4 commerces volontaires pour sensibiliser et conseiller sur les dispositifs à mettre en place pour rendre les magasins accessibles. Les commerçants étaient à l’écoute pour la plupart, et il y a eu un vrai progrès, plus d’attention et de réactivité. Elle regrette cependant que les travaux préconisés ne soient pas toujours réalisés, et qu’il n’y ait aucun contrôle.
Anne-Marie, directrice adjointe de l’ARCH souligne la patience des personnes en situation de handicap : « Elles s’adaptent ou se résignent face aux obstacles que trop souvent nous ne percevons pas ». Ces obstacles se nichent dans des détails qui compliquent chaque jour les déplacements de nombreuses personnes.
Les échangent se poursuivent avec les administrateurs de l’ARCH et le président de l’ADSEA qui mesurent mieux les besoins et ce qu’il reste à faire pour rendre les locaux de leurs associations encore plus accessibles à tous. Impliquer les personnes en situation de handicap dès la conception leur parait indispensable. L’accessibilité passe aussi par des adaptations pour faciliter l’accès à une vie sociale, faciliter la compréhension, le repérage, etc… Les grands équipements sportifs et culturels ont bien progressé en la matière depuis 20 ans. Nos témoins énumèrent les lieux qu’ils peuvent désormais fréquenter : la médiathèque, le théâtre, le cinéma, le centre aquatique, …
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a permis de créer les MDPH, les prestations de compensation du handicap (PCH), elle a accéléré les prises de conscience et amélioré l’accès aux droits. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire. Les 20 ans de cette loi sont l’occasion de le rappeler et de remobiliser.
Sur la photo sont présents debout : Philipe BESOMBES, co-président de l’ARCH, Jean-Jacques ASTINGS, président de l’ADSEA, Anne-Marie COMBOURIEU, directrice adjointe de l’ARCH, Cédric LAFAGE, moniteur principal de l’ARCH, Philippe JACQUET, vice-président de l’ARCH, Laurent TISSIER, directeur de l’ARCH.
Sont présents assis : Vincent, Nathalie, Marie-Claude et Pierre-Julien.