Quatorze travailleurs handicapés d'un Esat à l'oeuvre pour l'entreprise Pyram dans le Cantal.

Depuis 25 ans, la société Pyram sous-traite une partie de son activité aux travailleurs handicapés de l'Esat d'Olmet, à Vic-sur-Cère (Cantal). Une réussite, que l'entreprise va décliner à Aurillac.

Leurs passages ne surprennent plus personne dans les ateliers de Pyram, à Vic-sur-Cère. En totale autonomie, les travailleurs handicapés de l'établissement et service d'aide par le travail (Esat) d'Olmet, situé à quelques centaines de mètres, vont et viennent, en fonction des besoins, dans le local de rangement de la quincaillerie de l'entreprise. « Ils sont très fiers de pouvoir entrer dans l'usine, comme tout le monde », soulève Alain Chauvet, chef d'atelier à l'Esat d'Olmet. Il y a quelques années, l'un des travailleurs de l'Esat n'en est même jamais ressorti : il a été embauché par Pyram à l'approvisionnement de la chaîne de montage.

« Ça fait vivre 14 usagers de l'Esat d'Olmet »

Le cas reste exceptionnel, mais il montre jusqu'où peut aller ce type de partenariat. Bien plus qu'une sous-traitance classique, l'entreprise Pyram, spécialisée dans la fabrication de meubles de cuisine et de salle de bain, fait appel depuis 25 ans à l'Esat d'Olmet pour certaines missions. En l'occurrence, la préparation, de l'emballage à l'étiquetage, de quelque 8.000 colis d'éléments de quincaillerie (vis, pieds, poignées…) chaque année. « Tout ce qu'on ne monte pas directement sur le meuble », précise Sébastien Poucet, responsable d'atelier à Pyram. Il relève plusieurs avantages à ce partenariat : « la disponibilité et la réactivité de l'Esat » mais aussi « la qualification de ces travailleurs. À Pyram, on est davantage sur la confection rapide et industrielle, nous n'avons pas de poste pour ce genre de petites opérations. Et comme ça marche bien avec l'Esat, on n'a finalement jamais envisagé de créer ce type de poste. » « Tant mieux, car on a de la chance d'avoir ce gros partenariat avec Pyram, qui nous donne beaucoup de travail : ça fait vivre 14 usagers de l'Esat », se réjouit Alain Chauvet.

Pour une entreprise ou une collectivité, l'intérêt est aussi, souvent, économique : cette sous-traitance à un Esat peut l'aider à atteindre le seuil réglementaire de 6 % de travailleurs handicapés et donc à échapper à certaines taxes (*). Mais à Pyram, ce seuil est déjà largement dépassé, avec onze salariés handicapés sur 140. L'argument économique est donc limité. « On est vraiment dans une relation de confiance, souligne Sébastien Poucet. Et on continue de la développer : récemment, on a confié aux travailleurs d'Olmet la préparation de l'inventaire. »

Des sacs à linge confectionnés à Aurillac

Pyram va même plus loin : depuis quelques mois, la société travaille avec l'Esat L'Arch, à Aurillac. « Pour notre nouvelle collection de salle de bain, L'Arch a réalisé les prototypes de nos sacs à linge. On a trouvé ici une écoute et des bonnes idées », poursuit Sébastien Poucet. Résultats : en plus des sacs à pain, l'Esat aurillacois va bientôt confectionner les sacs à linge de la société vicoise. « Ça occupera trois, voire quatre personnes à l'Arch », chiffre Laurent Tissier, directeur adjoint de la structure. « Notre cœur de métier, c'est le bois, enchaîne Sébastien Poucet. Le textile, on n'a pas les compétences. » Pas plus, d'ailleurs, que l'Esat d'Olmet. « Mais c'est l'avantage du réseau d'Esat en Auvergne : quand une entreprise vient frapper à la porte d'un Esat, si elle n'y trouve pas la compétence recherchée, elle la trouvera forcément dans un autre Esat. »

(*) Depuis une loi de 2005, chaque entreprise de plus de 20 salariés doit employer au moins 6 % de travailleurs handicapés. Si elle ne respecte pas ce seuil, elle doit verser une contribution à l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (AGEFIPH), dont le montant est calculé en fonction de l'effectif de l'entreprise et du nombre de travailleurs handicapés « manquants ». En revanche, ce seuil peut tomber à 3 % si l'entreprise sous-traite une partie de son activité dans les Esat.


Source : La Montagne

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